1992 - 1999
En 1992, Richard Ballard est invité à exposer en Australie la série Meules de foin et Arbres à la galerie Annandale, à Sydney, puis à la galerie Charles Nodrum, à Melbourne.
L’artiste découvre alors le désert australien lors d’un road trip. La sécheresse et la chaleur étouffante du désert lui inspirent la série Rouges. Ses immenses toiles monochromes aux tons rouges-orangés évoquent les œuvres de Mark Rothko ou de Barnett Newman, à la manière dont elles irradient une luminosité venant de l'intérieur même de la peinture.
Dans The ArtForm, le critique d’art Tom Breidenbach écrit: « Dans sa série (Rouges), les blocs de terre aux tons rouges-orangés camouflés perdent presque toutes fonctions représentatives. À la place, l'œuvre transmet avec un certain enthousiasme délirant, l’illusion d’une luminosité éclatante».
Au premier abord, on aurait pu croire que l’artiste se conforme à une injonction vers l’abstrait selon l’art contemporain de l’époque, mais il suit sa propre voie. Fondu dans le rouge, on distingue, ici un rocher suspendu au bord d’une falaise, là, une fissure ancrée dans une terre craquelée par l’environnement aride. Tom Breidenbach note: « Ballard semble s'intéresser tout particulièrement au moment où l'objet perçu dans une certaine lumière perd sa forme lui permettant ou bien de se désintégrer ou bien de se transformer. »
En 1999, Richard Ballard expose la série Rouges à l'espace Paul Ricard à Paris. L’exposition intitulée Paysage Lumière Souvenir est un succès et un moment de reconnaissance artistique. Carole Boulbès écrit dans Art Press : « Les peintures rouges de Richard Ballard vous capturent et vous transportent vers un autre horizon ». Face aux tableaux, nous sommes gagnés à la fois par un sentiment d’exaltation mais aussi par un certain trouble menaçant : « De l’orange au vermillon, du magenta au carmin, le rouge est une couleur complexe aux significations multiples et contradictoires : il peut aussi bien provoquer l’excitation que mettre en garde contre un danger imminent ». L’expérience australienne pousse l’artiste à ses limites. Il est seul dans le désert, loin des obligations familiales, face à l'immensité.
De retour en France, il utilisera cette technique rouge monochrome pour revisiter la série de tableaux de Meules de foin et Arbres. L'œuvre de Richard Ballard semble encore une fois avoir une portée prémonitoire, le « rideau de feu, intense comme une course contre la montre » (Carole Boulbès) fait indéniablement penser aujourd’hui au changement climatique. Cet arbre autrefois verdoyant est maintenant en feu.